Rendez-vous [PV Takahisa]

Je sortis de chez moi une quinzaine de minutes avant l'heure à laquelle Takahisa m'avait demandé de le rejoindre au magasin où il travaillait. Ce qui me faisait me demander où est-ce que j'allais, moi, trouver du travail. Il faudrait que je me dépêche tout de même... bon... demain je regarderais dans le journal et sur internet. Oui, demain! Voilà qui devrait calmer ma conscience pour la journée.
J'avais téléphoné à ma grand-mère et on avait parlé de l'imprégnation, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que j'avais à mon tour vécu ce phénomène... et peu après que j'eus raccroché avec elle, c'était ma mère qui m'avait appelé pour que je lui raconte ce que je venais d'apprendre à ma grand-mère. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu de conversation comme ça avec ma mère, c'était assez sympa en fait...

Pour une fois, je portais une jupe et une petit chemisier. Il ne faisait pas froid - pour les humains je veux dire - alors j'en profitais pour m'habiller comme je voulais en étant sûre que personne ne me regardera bizarrement. Je marchai plutôt rapidement, sans m'en rendre compte. Quand j'arrivais dans la rue du magasin avec plus de cinq minutes d'avance alors que j'avais calculé pour être pile à l'heure, je m'aperçus que quelque chose avait cloché - encore.
Je me posai sur un banc sur la place en face du magasin. Je croisai sagement les jambes, tenant mon sac à bout de bras et je regardai le ciel bleu.

Cela faisait maintenant quatre longues heures que je faisais que classer les derniers arrivages de CD que nous avions reçu aujourd'hui. J'en avais marre et je voulais rejoindre Maki, je savais qu'elle était dehors, j'avais entendu les deux autres employés parler d'elle. Je soupirais doucement et retirais mon badge. Je savais très bien que de sa "régie" le patron nous regardait et si nous avions le malheur d'enlever notre badge à 11h58 au lieu de midi nous pouvions être surs que le soir la fermeture ne serait pas à 19h mais à 20 voire 21h. Je soupirai sà nouveau et regardais l'horloge : 12h10. Merde elle va me détester ! Le patron vint nous féliciter pour le travail accompli lors de la matinée. Il me regarda avec un sourire en coin. Il savait très bien que j'avais rendez-vous avec ma copine mais monsieur avait décidé de m'emmerder. 12h18. Putain !

- Vous pouvez y aller, nous dit-il comme une fleur.

Je soupirais et hurlai un "a demain" avant de franchir le seuil de la porte d'entrée.

Je regardai une énième fois l'heure sur mon portable. Cela faisait plus de 20 minutes que j'attendais là, mais je supposai que son patron l'avait retenu un peu plus longtemps. Et puis bon je n'allais pas mourir pour quelques minutes de retard... et s'il n'y avait pas ce type qui me regardait depuis tout à l'heure je ne me ferais même pas de souci. Mais en fait, c'était même pas un 'type', son odeur immonde arrivait jusqu'à moi... un Sang-Froid... et il n'y avait aucun doute quand au fait qu'il m'ait senti moi aussi. Mon odeur le répugnait tout autant qu'il me répugnait.
Après un moment, il s'approcha de moi, rapidement et se planta devant moi.

- Pouah dégage! lançai-je en le repoussant du pied.

Je posai ma main sur mon nez en faisant une grimace de dégoût, histoire de le provoquer. Bah, je m'ennuyais un peu, il fallait bien passer le temps.

- Qu'est-ce que tu fais là, la sangsue?
- Moi? J'attends quelqu'un... mais je pourrais te poser la même question sale clébard.

Comme si j'allais lui répondre... j'étais pas aussi débile que lui tout de même. Et puis c'était pas ses affaires. Il me fit un sourire.

- J'attends... une ancienne proie qui m'a échappé... tu m'empêcheras de lui faire du mal?

Je me relevai brusquement, faisant le lien entre ce vampire et ce que Taka m'avait confié hier.

- Tu n'approcheras personne temps que je serais là.
- Tiens, il arrive, dit-il en tournant la tête vers le magasin.

Je serrai les poings, il ne lui fera rien si je suis là aussi, car on risquerait d'attirer l'attention sur nous si on se battait.

Je tournai les yeux vers le banc d'en face la devanture du magasin et vit que Maki parlait à un mec, je ne voyais pas qui c'était étant donné qu'il était de dos. Je soupirais doucement, si elle se faisait tout le temps aborder par des mecs je ne supporterais pas ça longtemps... Je traversai la route et m'arrêtais en plein milieu lorsque je vis qui est-ce qui était avec elle. Le vampire qui avait voulu me mordre l'autre jour... Merde..je fais quoi moi ?... J'étais figé au milieu de la route, incapable de faire quoique ce soit. J'entendais mes collègues me crier de bouger mais je ne faisais rien. J'étais pétrifié d'avoir croisé le regard de la "mort".

Le vampire tourna à nouveau la tête vers moi et planta son regard noir dans le mien. Je fronçai les sourcils, prête à agir en même temps que lui. Je me crispai en entendant des cris près de la route, je tournai la tête en même temps que le vampire et mon sang se glaça. Takahisa se trouvait au milieu de la route et une voiture arrivait droit sur lui. Il n'avait apparemment pas l'intention de bouger de là. Je compris alors qu'il avait reconnu le vampire qui l'avait attaqué. Alors que celui-ci aller s'élancer sur mon chéri, je le poussai et c'est dans un bruit sourd qu'il se retrouva quelques mètres plus loin.

- Dégage la sangsue, grognai-je.

Je courus vers la route alors que la voiture s'approchait dangereusement de celui qui faisait battre mon coeur. Les larmes me montèrent aux yeux et je le poussai de la trajectoire de l'engin qui tapa contre ma jambe, déchirant un peu ma jupe et parti rapidement. On tomba au sol, moi sur lui. Je me redressai légèrement et le giflai alors que les larmes roulaient abondamment sur mon visage, tombant sur le sien.

- Pourquoi tu t'es pas poussé!? criai-je.

J'avais eu si peur... si peur de le perdre...

Je vis Maki pousser violemment ce putain de vampire qui allait se diriger droit sur moi. Il atterrit quelques mètres plus loin dans un cri horrible. Je vis ensuite Maki se diriger droit sur moi, en courant. Je tournai la tête à ma gauche et vis qu'une voiture s'approchait dangereusement de moi. J'essayais de bouger mais rien y faisait, j'étais toujours pétrifié. Maki me poussa avant que la voiture ne me percute et elle atterrit sur moi sur le bas côté de la route. Elle redressa sa tête qui était sur mon torse et porta sa main à ma joue en me giflant. Je pouvais discerner des larmes qui dévalaient ses joues et qui tombaient sur les miennes. Étais-ce ça "frôler la mort" ?

- Pourquoi tu t'es pas poussé!?

Je baissai les yeux, incapable de lui dire pourquoi je n'avais pas bougé d'un pouce. J'ouvrai quand même ma bouche pour m'excuser mais aucun son ne voulut en sortir. Je remontais ma main jusqu'à l'arrière de mon crâne en sentant une douleur vive s'emparer de ma tête. Mes cheveux étaient humides... Je portais ma main devant moi pour voir si ce n'était que de l'eau ou si c'était autre chose. Une substance rouge ornait malheureusement mes doigts. Je me souvenait que ma tête avait tapé le rebord du trottoir lors de notre chute.

Il porta sa main à sa tête puis regarda ses doigts et je pus y voir du sang. Je me figeai, horrifiée. Je tournai rapidement la tête vers le vampire qui nous regardait, attendant le moment d'attaquer.

- Approche seulement et je te fais la peau! criai-je.

Il se mit à rire, je grognai puis baissai à nouveau les yeux sur Takahisa et posai une main sur la joue que j'avais giflé.

- ça va aller... chuchotai-je.

Oui il fallait que ça aille. J'entendis le bip des touches d'un portable, je ne regardai pas et nichai mon visage dans le cou de Takahisa alors que mes sanglots m'échappaient totalement.

Elle tourna la tête vers le vampire... Je ne voulais pas qu'elle le regarde, je voulais qu'elle ne regarde que moi, j'avais tellement peur de partir aujourd'hui et d'oublier son magnifique visage aux traits d'ange.

- Approche seulement et je te fais la peau !

Je souriais doucement, je ne la connaissais pas si autoritaire. J'entendis un rire puis un grognement. Je n'arrivais à a réagir moi, j'aurais voulu me relever et aller faire la peau à ce satané vampire, à cause de lui notre journée était ruinée ! Maki retourna les yeux vers moi et sa main se posa sur la joue qu'elle avait giflé.

- ça va aller...

J'hochai la tête alors que j'entendais des petit bips, quelqu'un allait appeler les urgences ? C'était vraiment pas au programme ça ... Maki nicha sa tête dans mon cou et je sentais que ses larmes avaient redoublées. Elle me brûlaient la peau. Je remontais difficilement ma main sa joue et la caressait doucement, je voulais qu'elle sente que j'étais là même si je ne pouvais pas parler et même si une douleur abominable s'était emparée de moi.

Je me répétai encore et encore que tout allait s'arranger, j'essayai de me rassurer, mais c'était si difficile. En plus le vampire était toujours là et il avait soif... Je sursautai en sentant des mains se poser sur mes épaules et me tirer légèrement en arrière, enfin elles essayaient car je ne bougeais pas.

- Vous devriez vous lever, mademoiselle, me dit une voix d'homme.

Je secouai la tête, non je ne me lèverais pas. Je devais rester contre lui... je ne voulais pas qu'il devienne froid. Les mains me lâchèrent.

- Mais vous êtes blessée vous auss... oh...

Je redressai la tête et regardai ma cuisse où la voiture avait frappé... la plaie cicatrisait déjà, sous les yeux de cet humain.

- Eh merde, chuchotai-je.

Maki releva la tête après que cette personne lui ait parlé puis je sentis dans son ton qu'elle était angoissée, quoi de plus normal me direz-vous ?

- Eh merde...

Je serais la main de Maki qui était dans la mienne alors qu'un bourdonnement commençait à se faire entendre dans ma tête. C'était vraiment insupportable. J'entendis un autre bruit, qui, cette foi, ne venait pas de ma tête mais belle et bien du fond de la rue, les secours arrivaient-ils ? Ils fallait qu'ils me sauve ! Tout de suite ! Je n'avais pas l'intention de sombrer et de laisser Maki seule...

La main de Taka se resserra sur la mienne, je posai mon regard sur son visage et mon coeur se serra un peu plus. Il semblait souffrir beaucoup. Les sirènes de l'ambulance retentirent et je me décidai enfin à me décaler. Je déposai un baiser sur son front.

- Tu entends? Les secours arrivent, ils vont s'occuper de toi...

Et moi j'allais m'occuper de cette saleté de vampire et lui faire payer ce qui arrivait à mon amour. Il ne s'en sortirait pas, j'allais lui faire la tête au carré... au sens propre du terme.

Elle se décala de moi. Je me sentis vide, comme si toute la chaleur qu'elle dégageait était partie pour toujours... Pourtant elle était toujours à côté de moi, ma main dans la sienne. Elle déposa un baiser sur mon front.

- Tu entends? Les secours arrivent, ils vont s'occuper de toi...

C'est tout ce que je souhaitais, qu'on s'occupe de moi, qu'on m'enlève tout ce sang et tout ces bourdonnements de ma tête. Je fermais doucement les yeux. D'un coup je ne sentis plus la main de Maki fermée sur la mienne. Je rouvrais les yeux et ne la voyait plus. Je me sentis porter sur une civière puis je vis des néons au dessus de mon visage. J'ouvrais doucement la bouche alors que je voyais des visage inconnus se présenter à moi.

- Ma..maki...

L'ambulance se gara près de nous, des infirmiers en descendirent et ils me poussèrent, ce qui me fit lâcher la main de Taka. Deux d'entre eux le mirent sur une civière et l'emmenèrent dans l'ambulance alors que le troisième se tournait vers moi.

- Que s'est-il passé?
- Il a failli se faire renverser par une voiture...
- Vous êtes blessée? demanda-t-il en montrant l'accroc à ma jupe.

Je secouai doucement la tête, il se détourna et partit vers l'ambulance.

- Ma..maki...

Je rattrapai la main de l'infirmier en entendant la voix de Taka. Lui ne pouvait pas m'entendre et je ne pouvais pas monter dans l'ambulance.

- Dites lui que je viendrais à l'hôpital plus tard.

Il acquiesça et entra dans le véhicule. Pour ma part, je partis vers le vampire qui, d'un coup, trouva la situation bien moins amusante.

Une autre personne monta dans l'ambulance et la porte se referma. Pourquoi Maki n'était-elle pas montée ? Je soupirais et fermais les yeux. Je sentis deux doigts me les écarquiller et me mettre une vive lumière à l'intérieur. Mais elle est malade celle-là ou quoi ? Nan mais oh ! Elle veux quoi ? Me rendre aveugle ? u_u

- J'ai cru qu'il nous faisait un coma, lâcha-elle.

Nan mais pourquoi je tomberais dans le coma ? Je me suis juste pris une arrête de trottoir dans le crâne c'est pas si grave quand même...Enfin si un peu quand même...Mais je suis lucide, je pense très bien je sais même ce qu'il m'arrive. Je sentis quelque chose me piquer le bras, je grimaçais.

- Vous avez mal ?

Je secouais la tête de gauche à droite en guise de réponse, ma voix ne voulait définitivement pas sortir. Une main s'empara de la mienne et un homme avec un sourire assez chaleureux se pencha au dessus de moi.

- Votre amie avait quelque chose à régler, elle viendra vous voir dès que possible à l'Hospital, tenez bon pour elle.

Un léger sourire étira mes lèvres mais au même moment la douleur repris de plus belle dans mon crâne. Je grimaçais une nouvelle fois.

- 10grammes de morphine et il sera tranquille jusqu'à l'Hospital.

C'était vrai, la douleur me quitta peu à peu et une envie de dormir s'empara de moi, mais pas une envie de dormir courant, c'était très étrange comme sensation.

Les collègues de Takahisa s'en allèrent après m'avoir fait promettre de souhaiter un bon rétablissement à Taka de leur part. Je m'élançai ensuite sur le vampire qui s'enfuya rapidement mais je lui sautai sur le dos alors qu'il se cachait parmi les arbres.

- Enfoiré! Sale sangsue!
- Dégage le clébard!!!

Il pouvait bien me traiter de tout ce qu'il voulait, je m'en fichais. Tout ce que j'avais en tête c'était la mort que j'allais lui infliger. Il me repoussa mais je me relevai d'un bond et lui sautai sur les épaules.

- Dis adieu Sang-Froid.

Je lui brisai la nuque et il s'écroula, je me retrouvai au sol à mon tour. Son corps se disloqua, me laissant du sang sur les mains et ma jupe. A cause de la colère, je me laissai tomber à genoux, tremblant de tout mon corps.

J'entendis un hurlement sourd provenant de dehors puis plus rien. J'avais sombré je le savais. Tout était très noir là où j'étais. Je ne savais pas se que je devais faire. Il fallait impérativement que quelqu'un m'aide, sinon je n'allais pas m'en sortir seul.
La chaleur se fit ressentir autour de moi. J'en déduisait que nous n'étions plus dans le fourgon mais que nous étions bel et bien arrivés a l'Hospital.

- Monsieur Masuda ? Serrez-moi là main sir vous m'entendez.

Je m'exécutai mais sans grande force, je ne savais même pas si lui sentirait que je lui avais serré la main.

- Oui il a bougé c'est bon.

Une nouvelle lumière vive se fit.

- Pas de réaction des pupilles.

Mais si il devait y avoir une réaction ! je l'avais vu cette lumière ! Je le savais bien je l'avais vue !

- C'est surement le choque...Je ne comprends pas...

- Je l'ai tué... je l'ai tué...

Les larmes roulaient sur mes joues, je posai mon front contre l'herbe fraiche... mais elle ne le resta pas longtemps sous ma chaleur. Est-ce que j'éprouvais de la tristesse pour mon geste? Je n'en savais rien, mais je pleurais tout mon soul... il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que c'était à cause d'un douloureux souvenir que je pleurais... je pleurais d'un meurtre que j'avais déjà commis, presque aussi facilement que celui d'aujourd'hui.
Après quelques minutes je me redressai et essuyai mes joues. Il fallait que j'aille voir Taka, que je lui dise que ce vampire ne l'attaquerait plus... que j'étais une tueuse... Je frottai ma jupe mais le sang ne fit que s'étaler.

- Pff c'est malin ça...

Je levai les yeux aux ciel en inspirant, puis me mis à courir vers l'hôpital.

J'étais vraiment mal barré s'il ne comprenaient pas ce que j'avais. Je sentis qu'on me transportait. Où ? Je ne savais pas mais j'allais quelque part c'est sur.
Le noir qui m'entourait commençait à sérieusement me terroriser, quand est-ce que je pourrais sortit d'ici ? Pourquoi lorsque j'essayais de faire un mouvement j'avais l'impression d'être une vulgaire guimauve ? Pourquoi Maki n'était-elle pas là ? Pourquoi je sentais des milliers de picotis dans les bras et toujours cet affreux bourdonnement dans ma tête ? Ma respiration était lente je le savais, mais je ne pouvais faire autrement, j'essayai de respirer un peu plus vite, pour être dans la normale mais rien y faisait, dès que j'essayais je tombais dans ce trou noir dans lequel j'avais l'impression de m'enfoncer de plus en plus.

Je courrais à en perdre haleine. Les gens s'écartaient sur mon passage, certains effrayaient par ma vitesse, d'autres par le sang qui me maculait. Je ne leur en voulais pas, j'aurais certainement fait pareil à leur place. Je ne devais vraiment pas avoir l'air d'une fille bien sous toute couture. Ils devaient me prendre pour une folle, peut-être étais-je poursuivie par quelques hommes malveillants, peut-être courrais-je après quelqu'un pour me venger. Si seulement ils savaient... s'ils savaient que je lisaient sur leur visage et que cela me dégoutait! S'ils savaient que j'allais au chevet de l'amour de ma vie, de mon âme soeur! Oh si seulement ils savaient...
Après de longues minutes qui me parurent une éternité, j'arrivais devant le grand bâtiment blanc, essoufflée. J'aurais bien pu m'évanouir... enfin si je n'étais pas solide comme un roc. J'entrai, et des infirmières se tournèrent vers moi. L'une poussa un cri de surprise, je soupirai et m'approchai d'elle.

- Que vous est-il arrivé? me court-circuita-t-elle.
- Je... me suis battue... et j'ai gagné...

J'émis un rire nerveux pour qu'elle ne prenne pas peur puis je courus vers l'ambulancier à qui j'avais parlé.

- Où est-il!? criai-je presque.
- Il est encore au bloc, ils essayent de savoir ce qu'il a...
- Ils ne savent pas?

Je ne reconnus même pas ma propre voix. Il passa un bras autour de mes épaules, et ne sembla pas rebuté par ma chaleur. Sûrement qu'il devait penser que c'était parce que j'avais courus. Il me conduisit jusqu'aux portes du bloc et me dis que je pouvais attendre là si je me calmais. Puis il partit...

Je me sentais de plus en plus tiré dans cet affreux gouffre, retrouverai-je Maki au fond de ce trou ? Je ne savais pas. Je ne savais pas s'il fallait que je m'y enfonce ou s'il fallait que je lutte pour remonter à la surface.
Je sentis ma respiration me quitter. J'essayai tant bien que mal de la retrouver mais je n'y arrivais pas. Le gouffre était de plus en plus profond.
Un calme olympien ce fit autour de moi et je me sentis encore transporté, mais pourtant je ne bougeais pas dans le noir... Tout ça était vraiment étrange... Étais-je mort ??
J'avais peur de ce qui allait m'arriver... La perspective de ne plus jamais revoir Maki était inimaginable pour moi... J'avais besoin d'elle... Pourquoi n'était-elle pas là ? Avec moi ? Pourquoi je n'arrivais pas à sentir sa présence autour de moi. ?
Un bruit sourd puis plus rien. Une chaleur s'emprisonna de ma main... Elle était là...Avec moi...

Le temps me parut une éternité avant que les portes ne se rouvrent sur une infirmière n'en sortent. Elle se figea en me voyant. Ah mais quoi!? Etais-je si effrayante que ça? Question stupide... à défaut d'être effrayante, je devais certainement paraître peu encline à la discussion. Voyant qu'elle n'avait pas l'intention de bouger, je fis un pas vers elle.

- Est-ce qu'il va bien? demandai-je d'une voix tremblante d'angoisse.

Ses traits s'adoucirent légèrement mais elle sembla garder son scepticisme.

- Vous êtes une amie?

Je sentis mes joues s'empourprer avant même que j'eus la présence d'esprit de répondre. Mais à son expression, je vis que ce n'était pas nécessaire et elle alla même jusqu'à me sourire chaleureusement, ce qui apaisa mon coeur trop vif à mon goût dans ma poitrine. Elle tendit le bras pour attraper ma main mais je reculer. Elle haussa un sourcil sans faire de commentaire.

- Oui, nous avons réussi à le stabiliser. Maintenant il va être conduit à une chambre... suivez-moi.

J'hochai la tête et lui emboitai le pas alors que les portes, à présent derrière nous, s'ouvraient. Je ne me retournai pas, préférant attendre d'être seule avec lui pour me laisser aller à la moindre émotion un peu plus excessive et je savais qu'en le voyant je me remettrai à pleurer.
Je grimpai les escaliers avec l'infirmière et on arriva à la chambre alors que les infirmiers en ressortaient.

- Je reviendrais d'ici une heure, me dit-elle en me souriant à nouveau.
- D'accord, merci.

Elle pressa doucement mon bras puis s'éloigna. J'entrai dans la chambre après avoir inspiré longuement. Je m'approchai lentement du lit en sentant les larmes me monter aux yeux. J'attrapai sa main et me penchai sur lui.

- Voilà, je suis là, près de toi...

Ma main libre passa sur ma joue pour l'essuyer et je déposai un baiser sur son front.

Elle était là, je le sentais. Je le savais, même.

- Voilà, je suis là, près de toi...

Il n'y avait que sa voix qui pouvait être aussi douce à mes oreilles. Je sentis quelque chose sur mon front puis ma main fut un peu plus serrée. J'essayais de faire de même mais je ne savais pas si ce geste serait vu dans le monde normal. Car moi j'étais dans un monde paranormal. J'étais seul mais j'entendais tout. Je me croyais capable de faire des gestes mais je ne savais pas s'ils se réalisaient vraiment. Je pouvais parler j'en était certain mais ma bouche le refusait. J'étais capable de tout si je m'en donnais la peine. Ce bourdonnement était revenu dans ma tête. Je fronçais les sourcils dans le monde noir, est-ce qu'ils étaient aussi froncés dans le monde normal ? Est-ce que Maki resterait jusqu'à ce que j'arrive à vraiment ouvrir mes yeux et dans le bon monde ? Car ici ils étaient bel et bien ouverts mais je ne voyais que du noir... Comme si j'étais devenu aveugle... J'essayais d'appeler Maki mais rien y faisait. Ma voix ne sortais pas, vous savez, comme dans les cauchemars où on hurle mais notre voix se bloque...où même lorsqu'on chercher à allumer la lumière, on appuie sur un interrupteur mais la lumière ne luit pas... C'est ce que je ressens en ce moment, et je voudrais que tout ça s'arrête, mais je ne sais pas de quel côté je dois aller pour que tout cela cesse... Et si je faisais une erreur ? Et que je prenais le mauvais côté ? Et si ce côté m'emmenait à ma propre perte ? J'étais vraiment bloqué.

J'avais beau essuyer mes larmes, elles revenaient quand même envahir mon visage, inlassablement, comme un torrent de tristesse brûlante. Je finis alors par renoncer à les chasser et j'approchai une chaise du lit pour m'asseoir près de Taka. Je tenais sa main au creux des miennes, tout contre ma bouche, je voulais qu'il continue de sentir ma chaleur.

- Tout va bien aller... dis-je doucement. Il faut que tu te réveilles... hein Taka-chan...

Un sanglot me secoua et je resserrai mes mains. Il fallait qu'il se réveille, il fallait qu'il vive avec moi. Il pouvait pas m'abandonner, pas si tôt... non il allait se réveiller il ne fallait pas que je perde espoir.

- Je t'aime tellement, reviens-moi...

J'étais toujours couverte du 'sang' du vampire, je m'en fichais, je ne quitterais pas le chevet de Taka temps qu'il ne réveillerait pas.

- Tout va bien aller... me dit-elle doucement. Il faut que tu te réveilles... hein Taka-chan...

Je l'écoutai attentivement. Je sentais sa chaleur contre moi, c'était si bon... Tout ça me donnais envie de ressurgir et de l'enlacer, j'étais horrible de la laisser seule si tôt.

- Je t'aime tellement, reviens-moi...

Je me sentis tiré vers l'avant. Étais-ce le bon chemin ? J'eus un sursaut et mes yeux s'ouvrirent vraiment, dans une pièce blanche. Je ne la reconnaissait pas, je refermais les yeux et fronçais les sourcils. Cette lumière était trop vive comparée à la noirceur du coma dont je sortais, bref qu'il fût été.

Je le sentis tressaillir et je posai mon regard sur lui, ses yeux se refermèrent. Mon coeur s'arrêta de battre, je crus à une hallucination, mais lorsqu'il fronça les sourcils je compris qu'il s'était vraiment réveillé... et mon coeur reprit à une allure plutôt chaotique.
Je me relevai de la chaise, si brusquement qu'elle partit en arrière. Je posai une main sur la joue de Takahisa alors que mes larmes redoublaient, pleine d'espoir.

- Taka-chan...

Mon doigt effleura légèrement ses lèvres closes... je tentais de ne pas trembler, mais j'avais le coeur au bord des lèvres.